A qui fera-t-on croire que les présidents de la République successifs ont pu ignorer les écoutes de la NSA ?
D’ailleurs les langues se délient pour affirmer que Nicolas Sarkozy savait et aurait abordé le problème avec Barack Obama.
Quant à François Hollande, était-il si naïf au point de se croire à l’abri des écoutes des grandes oreilles américaines quand sa grande amie Angela Merkel « découvrait » les agissements de ses alliés ?
Il a fallu attendre les « révélations » de Médiapart et de Libération pour que les politiques expriment leur réprobation et surjouent de l’indignation. Et cela, au moment où le Parlement adopte une loi sur le renseignement, attentatoire aux libertés les plus élémentaires.
Les faux-culs prennent-ils les Français pour des imbéciles pour jouer d’une telle indignation à retardement ? Mais on remarquera que l’indignation au fond est très mesurée et se limite à quelques rodomontades qui ne risquent pas de gêner « nos meilleurs alliés » américains.
Et pour cause ; la loi sur le renseignement va légaliser des méthodes guère plus ragoûtantes que les écoutes de la NSA (écoutes sans contrôle judiciaire, relevant du seul pouvoir politique, notamment).
Les cibles des écoutes de Matignon ne seront plus les présidents de la République, mais, en premier lieu, les journalistes. On comprend mieux aujourd’hui pourquoi Manuel Valls et Jean-Yves Le Drian se sont opposés à la loi sur la protection des sources des journalistes : c’était pour ne pas mettre de limites a priori aux écoutes de la profession.
Le SNJ-CGT dénonce ce glissement vers un régime policier d’exception et luttera dans l’unité pour s’opposer aux visées d’un régime de plus en plus autoritaire.
Montreuil, le 25 juin 2015