Les journalistes avaient l’habitude de voir leur travail critiqué violemment ou remis en cause par les leaders politiques de droite, de Laurent Wauquiez à Marine Le Pen. Récemment, le président de la République s’est également permis d’insulter les journalistes de l’audiovisuel public en proclamant que ce dernier était la honte de la République. Ces derniers temps, Jean-Luc Mélenchon a tenu des propos malveillants sur son blog : « La haine des médias et de ceux qui les animent est juste et saine. » Il poursuit : « La presse est ainsi la première ennemie de la liberté d’expression. » Il revient sur l’enquête de Radio France au sujet des comptes de campagne de La France insoumise. « Un pur coup monté, venu d’une équipe de bras cassés », juge Jean-Luc Mélenchon. Il critique fermement la méthode des journalistes qui ont réalisé le sujet, « une sorte de CIA médiatique vouée à propager les dénonciations. » Pourtant, ce sont les mêmes équipes qui ont enquêté sur les Paradise Papers et l’évasion fiscale : un travail largement salué, un travail que le SNJ-CGT soutient. On peut, et même on doit, critiquer le travail des journalistes. On doit dénoncer une presse, des médias, des éditocrates inféodés aux pouvoirs économiques et politiques. Le SNJ-CGT réclame d’une part l’indépendance juridique des rédactions et davantage de droits pour les journalistes, et, d’autre part, dénonce depuis toujours toutes les dérives de contenu. Mais les mots employés par Jean-Luc Mélenchon vont au-delà de la critique nécessaire. Ils sont intolérables et dangereux. Pour tous les confrères qui, dans les rédactions, essaient de faire correctement leur travail, malgré des conditions difficiles et des pressions inadmissibles, c’est une gifle dramatique. La grande majorité des 35 000 journalistes de France n’appartient pas à une caste, ce sont pour la plupart des salariés qui, par leur travail d’information, tentent de jouer un rôle fondamental pour la démocratie. Une presse libre, des journalistes indépendants et protégés des pressions sont les principaux alliés de la liberté d’expression.