Le président de la République avait une pensée si complexe qu’elle ne se prêtait pas au rituel des interviews. Il s’agissait surtout d’une aversion pour la profession de journaliste.
Mais il faut croire que le climat social et la multiplication des contestations de sa politique libérale inquiètent au plus haut point le locataire de l’Elysée pour multiplier les interventions télévisées au cours de la semaine.
Jeudi, Emmanuel Macron sera sur TF1, interrogé par Jean-Pierre Pernaut en direct dans une classe d’un village de l’Orne tel que les affectionne particulièrement le présentateur de la chaîne Bouygues. La cible sera la France profonde, celle de la ménagère de plus de 50 ans, celle qui ne travaille pas à 13h.
Puis, le président des riches sera interrogé dimanche prochain sur BFM TV et RMC (les chaînes de Drahi) par Jean-Jacques Bourdin et Edwy Plenel.
La cible sera assurément différente et le ton plus professionnel ; mais on remarquera que le président de la République a antenne ouverte où il veut et quand il veut, alors que les cheminots, les soignants, les salariés de l’énergie, de Carrefour, les étudiants, etc. voient leurs conflits traités sous le seul angle de la gêne occasionnée aux Français.
L’information sociale est malmenée aujourd’hui en France ; elle est scandaleusement univoque. Alors que le gouvernement caricature les positions syndicales, le travail des journalistes devrait consister à éclairer les débats. Les grands médias, eux, se prêtent à une campagne de communication d’Emmanuel Macron.
Pour le SNJ-CGT, dans une véritable démocratie, les organisations syndicales actuellement dans l’action devraient, pour le moins, bénéficier du même temps de parole.
Montreuil, le 10 avril 2018
SNJ-CGT